Une surface relique est une forme de modelé glaciaire témoignant de la présence d’un glacier aujourd’hui disparu. La fonte des glaciers est le signe le plus perceptible du dérèglement climatique. La majeure partie d’entre eux aura complètement fondu d’ici la fin du siècle à cause de l’activité humaine. Avec la fonte des glaciers se modifie alors le paysage emblématique de la Suisse. Quelles seront les représentations du paysage alpin de demain ?
L’artiste a utilisé des polaroids périmés pour photographier le glacier de l’A Neuve dans le Val Ferret, en Valais. Les chimies périmées créent des images aléatoires et proposent des nouvelles formes de reliefs fantomatiques qui semblent être malades. Léonie Rose Marion joue de l’analogie entre les aberrations chimiques du film polaroid usé par le temps et les déformations et déséquilibres du glacier de l’A Neuve. Tous les deux sont très sensibles aux variations de température, influençant directement la conservation des chimies du film et celle du glacier. Les déformations visibles du support photosensible suggèrent une autre lecture des transformations du paysage alpin, en écho à l’imprévisibilité et l’instabilité du climat à l’ère anthropocène.
Les polaroids, produits globalisés d’une société de consommation sur-saturée d’images, font état de la perte avec les pleins et les vides de l’image, le visible et l’imperceptible du glacier, et soulignent, par le caractère unique de chaque objet, l’urgence de préserver ce qui est précieux.
Les deux images présentées dans le cadre du festival font également référence à l’orogenèse (processus de formation des montagnes) du lieu, car il n’y a pas de Jura sans les Alpes, puisque c’est la poussée de ces dernières qui a plissé les couches de calcaire du massif jurassien.
Présentation
Léonie Rose Marion travaille sur différents sujets liés au territoire, à la géologie ainsi qu’au médium photographique. Ses recherches à propos de la matérialité de la photographie s’ancrent dans une pratique documentaire de terrain, qu’il s’agisse de la disparition des glaciers avec le travail Surfaces reliques réalisé à l’aide de polaroïds périmés, ou dans son projet Relever la nuit où elle tente de mesurer la pollution lumineuse avec l’aide de photogrammes. Ce travail est lauréat de la Bourse photographique pour un projet documentaire de la Ville de Genève en 2022. En 2025, elle fait partie des artistes sélectionné·e·s pour le programme de résidence Pro Helvetia x South America, où elle réside durant deux mois dans le désert d’Atacama afin d’investiguer les liens que nous entretenons avec le ciel étoilé. Elle a exposé au sein de diverses expositions dans des institutions suisses telles que le Centre de la photographie Genève, Photo Elysée, le KBCB à Bienne ou encore IPFOHaus der Fotografie à Olten. Léonie Rose Marion est diplômée de l’École de photographie de Vevey ainsi que de la Haute école d’Art et de Design de Genève (HEAD Genève).